Les sourires déférents des Jokers ordinaires
Ce qu'« ils sont »
Le citoyen ordinaire (ainsi que ses « maîtres ») est poli comme un galet par les convenances. Et parfois l'on regrette de savoir sa réalité, sous la surface au sourire déférent des Jokers du quotidien : parce qu'elle est brûlante.
Toujours j'ai eu la chance de ne me brûler que légèrement à leur contact, et de savoir ainsi ce qu'« ils sont », comme on connait le feu en éprouvant un peu la brûlure de la flamme.
Ce qui me pèse ici, c'est l'excès de convenances, qui camoufle les gens et dont la comédie tend à nous transformer, nous autres aussi les humains, en monstres de fêtes foraines (en Mickey, Minnie, et en braves gens aux inlassables et déférents sourires de Joker). Et ce serait alors l'industriel Batman, le propriétaire et le roi de la fête foraine, qui graverait ainsi sur le visage de tous les citoyens-serfs de sa Cité la grimace des petits matins !? Les esclaves exquis de l'Occident, avec leurs sourires permanents, figés et énigmatiques, seraient, en fait, tous des « enfoirés » !?
Avant la révolution de Mai 68, la femme française ne pouvait pas ouvrir un compte-chèques postal, ni travailler, sans l'autorisation de son mari. Alors, les gens faisaient semblant d'être toujours deux, mais parfois ils se haïssaient secrètement toute leur vie entre quatre yeux, et le plus souvent ils ne faisaient que « jouer » la pièce du bonheur et de l'harmonie (ils n'avaient pas de temps, parait-il, pour sortir du spectacle).
Aujourd'hui, le couple traditionnel est en partie détruit. C'est bien. Cela nous rapproche de la « parrèsia » (qui est le courage du dire-vrai, prophétie et sagesse, de l'être-vrai).
Ils souffrent de solitude, souvent dans les grandes villes, la solitude non désirée, il n'y a rien de pire ? Mais le Paradis n'a jamais existé, refuser à tout prix la souffrance au nom des convenances – à tout prix – c'est cela qui provoque finalement les pires déchéances, j'en suis certain. Souvent, il vaut mieux se brûler « un peu ».
Et ce qui m'importe, ce sont les mœurs, ma petite et précieuse liberté égoïste – de voyager de penser et pas seulement d'avoir ; ma liberté de dire parfois non, d'être très négatif et perso. Il n'y a pas de liberté intellectuelle, psychologique, spirituelle – sans liberté physique.
Mais…« aujourd'hui c'est Tartuffe qui mène le bal, organise les shows, manipule des foules qui ne demandent que cela et lance les best-sellers. Bras long et larme à l'œil. » [*]
Mais aujourd'hui…« tout le monde se bat dans la même direction. A coups de positivité enthousiaste et de volonté de gagner. On a la haine de la haine. On fait la guerre à la guerre. C'est bien là que ça devient cocasse : le négatif a été si bien ratatiné dans tous les domaines qu'on ne trouve plus de débats qu'entre gens du même avis. Quand on se crêpe le chignon, c'est entre opposants à la drogue et adversaires de » sa dépénalisation ; entre partisans du cosmopolitisme et ennemis de la xénophobie ; entre éradicateurs du machisme et anéantisseurs du sexisme. On s'engueule entre nuances. C'est la grande rivalité du même. Le combat du semblable contre son sosie. La cause du Bien a si peu d'adversaire qu'il faudra, dans les années à venir, se résigner à en créer de toute pièce, des adversaires, si on veut continuer à soutenir l'intérêt. » [*]
La plupart des gens, je suis extrêmement négatif je sais, sont des personnages « disneylandiens » aux oreilles monstrueuses de Mickey (Et d'ailleurs je ne m'en vante pas, d'être mieux que les autres !?).
81% des gens d'ici, d'après l'expérience de Milgram en 1968 et surtout celle du Show-business intitulée « Le jeu de la mort » en 2009 [ lien], le prouvent d'eux-mêmes : apparemment donc, 81% des gens d'ici n'ont même pas besoins d'un pistolet dans le dos ou au contraire d'une prime tentante… pour torturer et assassiner à coups de décharges électriques un autre être humain. Les injonctions d'une blouse blanche ou l'uniforme d'un présentateur de télévision suffisent pour remplir ce rôle. Tel est notre réalité. Tels « sont » les gens d'ici dans notre société disneylandisée (voir l'article : qu’est-ce qu’une société disneylandisée ?).
« Et tous ensemble, toute la confrérie des pénitents blancs du roman, on croirait les entendre chanter en chœur ce programme d'une grande marque de dentifrice que j'aimerais voir graver au fronton des monuments publics : « Pour un monde sans carie » » [*]
Pouvoir me remettre idem en question
Moral et moralisateur, moi ? Pas du tout. Révolté, révolutionnaire, prophétique, incantatoire ? Pas vraiment : dans cette société là, je surfe et je passe.
Marginal ? C'est bien aussi, parait-il.
Johnny Hallyday - Allumer Le Feu
Je ne suis pas non plus un libertin. J'aime juste l'« idée » de mon approche « parrèsiastique » (qui est je le répète, courage du dire-vrai, prophétie et sagesse, de l'être-vrai). Je dis « idée » pour dire à quelle point mon approche elle est vraie... ici j'autodérisionne, je précise !
« Tourner le temps à l'orage
Revenir à l'état sauvage
Forcer les portes, les barrages
Sortir le loup de sa cage
Sentir le vent qui se déchaîne
Battre le sang dans nos veines
Monter le son des guitares
Et le bruit des motos qui démarrent.
Il suffira d'une étincelle
D'un rien, d'un geste
Il suffira d'une étincelle,
Et d'un mot d'amour
Pour
Allumer le feu
Allumer le feu
Et faire danser les diables et les dieux
Allumer le feu
Allumer le feu
Et voir grandir la flamme dans vos yeux
Le chanteur Johnny Hallyday
Je suis tellement critique et négatif avec les autres que j'attends avec impatience une aide de ta part, lecteur-confident : pour pouvoir entreprendre enfin une saine autocritique, et pouvoir me remettre idem en question, moi et mes dissertions en ontologie (qui est une branche de la métaphysique concernant l'étude de l'être).
Odal GOLD
[*] Philippe MURAY – « Désaccord Parfait » (Gallimard)
Nota :
La seule vérité perturbante qui vaille serait la littérature, l'art, d'après Philippe Muray. Mais est-ce que Philippe Muray le croit vraiment ? Il doute que le tabagisme passif soit un problème, et puisqu'il ne travaille pas dans un bar-tabac… .Je le soupçonne, malgré un coté très bourgeois et socialisant, de ne pas aimer la paresse pour les autres... il est néanmoins très intéressant.
« En avant les histoires ! »
Si je le lis à la lettre, alors Philippe Muray ne peut vivre qu'à travers la perception de la littérature et tout particulièrement du roman :
d'accord, le roman aide à appréhender la réalité de la vie, mais on peut très bien s'en passer du roman, au moins autant qu'une bête.
Mais pourquoi chez lui « Maître » ou « Esclave » (elle existe bel et bien, cela est évident, cette histoire là aussi) comme seule histoire ? Moi je suis aussi un homme-jaguar et un chaman nomade… aussi.
Un roman n'est qu'un roman. Même si… la procréation, la vie, l'histoire – un récit peut de nouveau les rendre cohérents. Vouloir la fin de l'Histoire, c'est ne plus pouvoir se construire soi-même grâce à une histoire. La mémoire et la cohérence sont des besoins de l'esprit pour s'assurer un équilibre psychologique, métaphysique, spirituel et le sauvegarder.
Alors d'accord d'accord : « En avant les histoires ! ».