La Poétesse et les Gogos
Voltaire a affirmé que la liberté de pensée serait sans valeur si les hommes ne possédaient pas la liberté de blasphémer. Nul homme et nul groupe n'a le droit d'entraver cette liberté au nom de tel ou tel principe sacré.
Je dirais qu'on peut faire confiance aux intellectualistes modernes pour trahir les idéaux de Voltaire. Ils ont tout à gagner à défendre un « relativisme culturel » facile, et puis surtout c'est moins risqué.
Pour leur donner raison, je voudrais citer l'histoire de la poétesse Asma bint Marwan, racontée dans « Pourquoi je ne suis pas musulman » de Ibn Warraq.
C'est une histoire qui commence ainsi :
« La bataille de Badr fut incontestablement une étape décisive dans la carrière du Prophète. Avec l'aide d'Allah et d'un millier d'anges, les médinois tuèrent quarante-neuf Mecquois, capturèrent beaucoup de prisonniers et saisirent un énorme butin. Comme on jetait à ses pieds la tête d'un de ses ennemis, Muhammad s'écria : « Cela m'est plus agréable que le plus beau chameau de toute l'Arabie. »
Alors, comme Muhammad se sentait de plus en plus sûr, une série d'assassinats perpétrés contre ses ennemis commença, qui régla de vieux comptes et lui permit d'affermir impitoyablement son pouvoir. Tout d'abord, il ordonna l'exécution d'Al Nader, celui qui avait raconté de belles histoires et s'était moqué du Prophète à La Mecque. Puis ce fut au tour d'Ocba :
Deux jours plus tard (…) Ocba fut renvoyé pour être exécuté. Il tenta de protester et demanda pourquoi il devait être traité avec plus de rigueur que les autres captifs. « En raison de ton inimitié envers Dieu et son Prophète », répondit Muhammad. « Et ma petite fille ! » cria Ocba, dans l'amertume de son âme, « Qui prendra soin d'elle ? » ; « Les feux de l'enfer ! » s'exclama le Prophète ; à cet instant, la victime fut fendue jusqu'aux pieds. « Misérable que tu es ! » continua-t-il, « et persécuteur ! Mécréant qui ne croit ni en Dieu, ni en son Prophète, ni en son livre ! Je remercie le Seigneur qui t'a tué, et ainsi a consolé mes yeux. »
Cette fois encore, les assassinats seront entérinés par une révélation : « Il n'appartient pas au prophète de faire des captifs, tant que, sur Terre, il n'a pas complètement vaincu les incrédules » (sourate VIII.6.7).
A partir de ce moment, Muhammad entreprit de se débarrasser de toute opposition qui aurait pu le mettre en danger. « Les conversations secrètes étaient rapportées au Prophète et sur cette base il approuvait des actions qui étaient quelquefois cruelles et amorales. »
Sa prochaine victime fut la poétesse Asma bint Marwan qui appartenait à la tribu des Aws. Elle n'avait jamais caché son aversion pour l'islam et avait composé des distiques sur la folie qu'il y avait à faire confiance à un étranger qui combattait son propre peuple.
Salauds de Malik et de Nabit
Et de Aws, salauds de Khazraj
Vous obéissez à un étranger qui n'est pas des vôtres
Qui n'est pas de Murad, ni de Mahh'hij
Mettez-vous vos espoirs en lui,
Comme des hommes affamés qui attendent la soupe
Alors qu'il a tué vos propres chefs ?
N'y aura-t-il pas un homme d'honneur
Qui profitera d'un moment d'inattention
Pour mettre fin aux espoirs des gogos ?
En entendant ces vers, Muhammad s'écria : « N'y aura-t-il donc personne pour me débarrasser de la fille de Marwan ? » Un musulman zélé, Umayr ibn Adi, décida d'exécuter les désirs du Prophète. La nuit même, il s'introduisit dans la maison de Marwan pendant qu'elle dormait entourée de ses jeunes enfants. L'un d'eux était couché sur son sein. Umayr écarta le bébé qui allaitait et la transperça de son épée. Le lendemain, au moment de la prière, Muhammad qui connaissait le projet sanglant, dit à Umayr : « As-tu tué la fille de Marwan ? » « Oui, répondit-il, mais dis moi, doit-on craindre quelque chose ? » « Rien, répondit Muhammad, deux chèvres ne se disputeraient même pas pour ça. » Ensuite, Muhamad le loua devant tous les musulmans rassemblés dans la mosquée, pour le service qu'il avait rendu à Dieu et à son Prophète. »
De la religion en général et de l'islam en particulier
« Un fait doit être familier à tous ceux qui ont quelque expérience de la nature humaine : un homme sincèrement religieux est souvent un homme excessivement mauvais. »
Winwood READE (1872)
RUSSEL écrivait : « Une des plus intéressantes illusions à laquelle les hommes et les nations peuvent être sujets, c'est d'imaginer qu'ils ont été spécialement élus pour être les instruments de la volonté divine »
J'en rêve un peu. Mais moi, je crois qu'il n'est pas encore né – comme le dit si bien la poétesse Asma bint Marwan – celui...
Qui profitera d'un moment d'inattention
Pour mettre fin aux espoirs des gogos ?
C'est que les gogos, ils ont toujours été très nombreux, et très souvent, en plus, ils ne sont pas du tout (mais alors pas du tout) gentils.
Odal GOLD