Fanatisme et intolérance : la persécution des chats (LE CHAT)
La prière du chat :
« L'être que je suis n'a pas de maître
mais un ami que je choisis,
sans qui je puis mourir d'ennui.
Traite moi donc en égal, je ne suis pas ta peluche !
Respecte mon indépendance je te prouverai, librement,
en caresses, et « ron ron » que je t'aime.
Et s'il le faut je t'attendrai,
mon ami. »
Le chat, animal courageux, indépendant et spirituel.
Les antiques Égyptiens l'avaient promu au rang des dieux, et ils mettaient à mort ceux qui en avaient assassiné un. A la mort de leur chat, ils se rasaient les sourcils en signe de deuil, lequel était suivi des jours et des semaines. Et chez les anciens Vikings, on offrait des chatons aux jeunes mariés.
De même la chouette était le symbole du dieu grec Apollon (celui dont le Temple de Delphes affichait la devise : « Connais-toi toi-même ! »), le symbole du soleil, de la vision et de la lumière dans la nuit.
Le chat, animal courageux, indépendant et spirituel
Et puis les « judéos-machins » ont pris en ce qui concerne le chat – et notamment très visiblement au Moyen-âge – l'exact opposé de la tendance et du bon goût des Antiques.
Et puis il y a eu un renversement de toutes les valeurs (les premiers seront les derniers), et ce qui était aimé a été implacablement désigné à la vindicte des foules. Les chouettes, on les a cloué sur les portes des maisons, et les chats ont été implacablement traqués (autant que les hérétiques et les femmes érudites).
Un chien ça garde ta maison. Un chat ça garde ton âme.
Je ne sais pas comment on pourrait dire exactement. Mais quelque chose comme ça.
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Le Chat a écrit sur Agoravox :
« A l'heure où certains légifèrent sur le génocide arménien et la shoah, demain sur les crimes de Pol Pot et les massacres du Rwanda, il est bon de rappeler la bêtise sans limites dont est capable l'être humain et je vais vous narrer succinctement cet épisode peu glorieux du temps où le chat était devenu l'ennemi. Pour tous ceux qui se moquent des fatwas lancées par quelques mollahs arriérés, il n'est pas inutile de se remémorer qu'avant le siècle des lumières, notre Europe était loin de briller par son esprit de tolérance. Alors que l'on installe des caméras numériques à tous les coins de rue, que l'on fiche les individus, quand j'entends parler ordre juste et tolérance zéro, j'ai déjà le poil qui se hérisse...
Que s'est-il donc passé ? Comment le chat, animal sacré en Égypte, introduit en Italie puis répandu à travers toute l'Europe, est-il devenu la créature du diable ? On a le cœur serré quand on relit les documents traitant des souffrances endurées par ces pauvres bêtes et on ne peut s'empêcher d'avoir honte de la cruauté déployée par le clergé et les autorités civiles pour éradiquer la gent féline.
Petit rappel historique, si le Moyen Age évoque pour beaucoup des années noires, la Renaissance, à part sur le plan artistique, c'est surtout les guerres de religion, l'inquisition, les procès en sorcellerie, les famines et les épidémies.
L'Eglise va jouer un rôle déterminant en vouant une haine froide et implacable aux chats en cette époque obscurantiste. D'Allemagne arrivent des rumeurs, d'effroyables orgies sont présidées par des sorcières déguisées en chats noirs ; c'est le culte de Freya qui honore la fécondité tout en favorisant les plus vils instincts.
C'en est trop pour l'inquisition qui condamne les pratiques de sorcellerie et pratique à tour de bras les autodafés ; la chasse aux sorcières est lancée en même temps que celle aux chats, soupçonnés d'être les suppôts de Satan et donc voués aux flammes.
Le chat noir est devenu la monture des sorcières qui se rendent au Sabbat. Les puissants d'alors ont trouvé le bouc émissaire idéal que l'on peut accuser de tous les crimes, afin de faire oublier leurs propres forfaits.
Le pape Grégoire en 1232 associe les chats noirs au diable. En 1484, le pape Innocent VIII conduit la répression en poursuivant les amis des chats et en les accusant de connivence avec le diable .On craint alors les minous à la sombre fourrure dont les yeux étincellent dans la nuit et dont les miaulements pendant les périodes de chaleur glacent le sang des esprits faibles .En France, en Allemagne, en Flandres, des prétendues sorcières finissent par avouer sous la torture qu'elles ont pris la forme de chats pour accomplir leurs méfaits.
Les bûchers se dressent dans toute l'Europe. A Ypres, en Flandres, on jette les chats vivants depuis la tour du château, puis du haut du beffroi pendant la seconde semaine du carême, suite à la décision du comte selon laquelle, même dans la ville où son ancêtre Baudoin III inaugura en 962 le mercredi des chats, ces animaux étaient devenus indésirables.
Je conseille d'aller visiter le château des comtes de Flandres à Gand où une immense salle de torture fort bien équipée rappelle le sort réservé jadis aux amis des chats.
Dans le Schleswig Holstein se déroulait pareille cérémonie et un chat personnifiant Judas était jeté de la tour des églises.
Le jour de la saint Jean, on dresse d'immenses bûchers où l'on jette des sacs renfermant une ou deux douzaines de chats vivants et, devant des centaines de spectateurs hilares, les pauvres bêtes rôtissent en poussant d'horribles hurlements. Les rois de France, le clergé et les autorités civiles honorent de leur présence ces tristes cérémonies. Dans d'autres contrées, comme en Flandres et en Westphalie, les chats sont jetés vivants dans des chaudrons d'eau bouillante.
En 1545, le roi Philippe II d'Espagne en visite à Bruxelles se réjouit à la vue d'un orgue dont les claviers étaient reliés par des cordes aux queues de chats, et les cris douloureux des pauvres matous rendaient une musique bizarre, mais qui satisfaisait grandement ces gens cruels.
Pas de B.B pour défendre les félins à cette époque, elle aurait été accusée de sorcellerie. De nombreuses femmes ont été condamnées au supplice rien que pour avoir hébergé ou nourri un chat. En Allemagne, en Angleterre et jusqu'aux Amériques, la même folie destructrice s'abat sur les pauvres minets.
Même un peu plus tard, en
Heureusement, quelques personnes furent plus lucides en ces heures noires, surtout en France.
Le ministre Colbert tout d'abord exigea que tout navire eût à son bord un minimum de deux chats mâles pour contrer les rats. Avec Louis XV le bien aimé (et aussi des matous), les persécutions s'estompèrent, notre bon roi étant passionné par les chats angoras blancs. Enfin, avec Louis Pasteur et la découverte de la relation entre l'hygiène et les maladies microbiennes, le chat qui passe son temps à faire sa toilette devint une référence.
Le chat solitaire et fréquentant peu les autres espèces n'est pas un vecteur efficace pour les maladies.
On se passionne de nouveau pour le chat, qui retrouve sa place auprès des sculpteurs, des peintres et des écrivains. Même à Ypres, un bouffon lance désormais des chats en peluche à la kattefeest le deuxième dimanche de mai, ce qui est quand même plus sympathique .Ma famille est originaire de la frontière avec la Belgique, à 20km d'Ypres, et c'est pourquoi j'en parle volontiers.
Les chats sont redevenus des animaux choyés et estimés, quoique l'épisode de la grippe aviaire devrait inciter à la prudence. En Allemagne, comme par hasard, certains avaient déjà pointé un doigt inquisiteur sur le pauvre minet en l'accusant de transmettre la maladie, d'autres en France voulaient restreindre sa liberté de mouvement. Habitude, quand tu nous tiens...
Je ne veux pas courroucer certains en comparant cet épisode aux génocides humains, mais comme dit le proverbe : « Qui n'aime pas les bêtes n'aime pas les gens ».
Je ne saurais dire combien de dizaines de milliers de greffiers ont péri du XVe au XIXe siècle durant les persécutions ; beaucoup trop sans aucun doute.
Je ne demande pas que l'on nomme un jour pour rendre hommage aux minets martyrs (remarquez la mi-août aurait été de bon aloi), ni que Benoît XIV fasse acte de repentance pour les crimes de l'Eglise envers les chats.
Je souhaite juste que l'on se souvienne de cet épisode tragique qui nous prouve jusqu'où peut mener la folie des hommes et que cela nous rende plus modestes quant à nos prétentions à vouloir donner des leçons de morale à la terre entière. L'affaire récente des caricatures du prophète n'est que l'un des nombreux avatars de l'homo sapiens sapiens, l'Histoire un éternel recommencement dans le temps et dans l'espace. »
LE CHAT sur https://www.agoravox.fr/culture-loisirs/etonnant/article/fanatisme-et-intolerance-la-17680
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Il y a eu ici des périodes bien plus effroyables que la nôtre, et ton article le confirme éruditement, Le Chat. Le sujet est le moins superficiel qui soit.
Ceux qui exècrent les chats, ils vouent également une haine tenace et implacable à tous les cœurs libres chez les humains. Je pense qu'il y a eu beaucoup de gens qui pensaient comme moi et qui ont subi le sort des chats au Moyen Age. Cela ne doit pas être un hasard.
Moi j'aime bien les chats, les autres bêtes (et pas qu'avec du sel et du poivre) et les cœurs libres chez les gens.
Je me méfie toujours des gens qui n'aiment pas les chats. Je ne suis pas misanthrope, mais à certaines époques c'est particulièrement frappant : il y a des gens qui valent moins que des bêtes. Et puis surtout quand les chats vont mal et commencent à être persécutés, c'est souvent dans des lieux et des époques où les gens paraissent comme malades et sont encore plus maltraités.
Est-il scandaleux de le constater ? ???
Que nous le voulions ou non, nos amis à sang chaud ont leur part dans la guerre entre les dieux, ou dans la guerre entre les hommes et les conceptions du monde qui s'affrontent.
C'est parce que nos amis à sang chaud ont leur part dans notre destin.
Odal GOLD