Paradoxe chez les abeilles, les verts et les mutants
Les blancs mes cousins c'est encore eux qui sont les plus mandibulaires. Ils ont le syndrome de Scarlet O'Hara, du roman « Autant en emporte le vent » - et tous ils connaissent cette histoire. Toute leur vie est axée sur de belles demeures à colonnades blanches, des paons aux plumes peignées et lustrées, des allées balayées, des crinolines et des balconnets impressionnants, des voitures de maître et des chapeaux à hauts de forme imposants. Est-ce que c'est vraiment si humain, tant d'objets si pompeux, abscons, encombrants, qui ne servent à rien, suffocants, carrément gênants pour la vie de tous les jours … juste imaginés pour prouver des choses ?
Ils sont écrasés d'objets inutiles, et leurs esclaves se courbent et se baissent devant eux. Quand ils le peuvent, ces esclaves les ensorcellent autant que les objets hypnotiques, et leur transpercent le cœur avec des aiguilles de fer. Ils n'ont même pas besoins de la haine, pour presser leurs esclaves jusqu'à la moelle. Demain les esclaves seront des citoyens et des consommateurs, et même des blancs de seconde zone, des volontaires si l'on peut dire, dont on dira qu'ils ont encore de la chance d'avoir le ventre plein.
Les robes sont tout sauf pratiques, de même les chapeaux absolument incroyables, les rites pesants. La moralité et le savoir-vivre sont excessifs, et les manières sont innombrables et inutiles. La maison blanche a des surfaces de sol gigantesques, et on se demande bien quels géants peuvent résider dans un tel antre. C'est juste une illusion hypnotique à laquelle s'identifie le bonheur de la plupart des blancs, même inconsciemment. Leur ambition secrète de toute une vie, c'est une maison blanche au milieu de la plantation mère, aux seins encore lourds.
Chez les blancs mes cousins, c'est comme une fourmilière de fourmis rouges. On y est dépecé en deux secondes, trois tours de valses, et on adhère à ce rêve américain de géant, et à lui seul. On n'a pas le choix. Il faut faire partie du château princier aux milles colonnades blanches et aux ombres qui ne sont pas des humains, mais simplement des composantes comme les autres de ce rêve
En apparence ça marche, et au moins on mange à sa faim. Mais quand on regarde bien, il n'y a que des fleurs colossales et carnivores. Il te faut mille figures humaines et hypnotiques pour te faire croire au rêve, et qui ne sont pas des individus mais des composants, pas des entités mais qui constituent les multiples et gigantesques fleurs gloutonnes.
Scarlet O'Hara et « Autant en emporte le vent », c'est la maladie de presque tous mes cousins blancs, le ressort profond de leurs vie et de leurs actions, et on ne peut y discerner qu'un mélange idéal de fleurs vénéneuses et de fourmis rouges.
Mes cousins, ils ne me font pas rire.
Odal GOLD