Des artistes et des militaires
Le jardinier de la belle maison de Laura Perle s’appelle Ivan.
Ivan est simple, si simple, et il n’est même pas heureux ! C’est un vieux démon germanophobe (et pas germanophile), preuve qu’il n’est pas complètement obsédé par l’ordre – qui veut justement remettre de l’ordre par ici.
C’est un « psychosé » maniaque, et les plantes de son jardin le savent bien, elles, qu’il adore l’ordre !
Ivan est un ancien militaire. Il parle toujours de ses souvenirs militaires, et ils sont nombreux, tous classés catalogués, par dates noms, comme dans un fichier Excel. C’est pour se persuader que sa vie a été passionnante : d’ailleurs il en est convaincu.
L'autre jour, j’ai donc revu Ivan. Ivan est quelqu’un qui n’a jamais fait partie, du moins le croit-il, que du monde et du parti de l’Ordre et de la société (des dominants). Il a toujours dépendu d'une « structure » (c'est très maternant une structure). Il y a toujours eu surtout chez lui le culte de la Mémoire. Avec lui, la communication n’est pas toujours aisée, et avec lui en fait cela ne sert à rien de (vraiment) discuter. Jamais eu chez lui beaucoup d’imagination ni de pensée vraiment propre et encore moins ce qu’on pourrait appeler de la « fantaisie ». Pourtant il a un bon Q.I.
Il méprise même carrément l’imagination et la pensée, et à l’instar de chez ceux qui ont toujours été (ou cru été) du côté du Pouvoir, tel l’ancien président Valérie Giscard d’Estaing que je cite, il semble profondément convaincu que « L’Intelligence, c’est la Mémoire ».
C’est dur la vie d’artiste ?
Et pourtant le spectacle de café-théâtre et de One-Man-Show que j’ai vu l'autre soir à Montmartre était plein d’intelligence. Mais s’il a fallu de la mémoire à l’artiste chaque soir pour en retenir les lignes, c’est bien quand-même son imagination et sa pensée qui l’ont constitué et le font vivre et m’ont fait plaisir.
Le flic et le militaire ont peut-être des pistolets mitrailleurs, mais ils sont parfois moins libres dans leur tête que le prisonnier derrière ses barreaux, car ce dernier peut penser à lui-même, penser, imaginer. Et pas le flic et le militaire, car « commencer à penser, c’est commencer à désobéir », à la fin ils sont broyés sans s'en rendre compte par leurs structures, rendus infiniment malléables. Ils sont aussi brimés par leurs hiérarchies, c’est ça être normal quand on ne décroche pas à temps et de temps en temps du monde du travail. Quand on n’est plus qu’ « utile » et « indispensable »…
Ils ne sont plus, à force, que des instruments autant que leurs pistolets mitrailleurs, dans d’autres mains.
La chanson « Diego, libre dans sa tête », chantée par Johnny Hallyday, dit ces quelques mots :
« Derrière des barreaux
Pour quelques mots
Qu'il pensait si fort
Dehors il fait chaud
Des milliers d'oiseaux
S'envolent sans effort
Quel est ce pays
Où frappe la nuit
La loi du plus fort ?
Diego, libre dans sa tête
Derrière sa fenêtre
S'endort peut-être... »
J’aime beaucoup les artistes et je suis grand amateur de spectacles (et d’ailleurs j’aime bien aussi les armes).
Mais à l’inverse des flics et des militaires, c’est facile pour l’artiste de faire toujours semblant de s’engager, car dans les faits, il est presque toujours lâche, inconsistant et puéril – alors même que son crédo est toujours d’ « être engagé ».
L’artiste ne prend presque jamais de risque réel ?
L’idéal, ce serait un mélange, un équilibre, une complémentarité de la Mémoire et de la Pensée.
Moi, je suis peut-être plus imaginatif que toi, c’est comme ça – peut-être que je devrais m’intéresser davantage à ma Mémoire (et à l’ordre). Mémoire (ordonner, faire subir, imposer) et Pensée (Contestation, subir, se révolter, imaginer) ?
A la différence du passé, ce nouveau Moyen-Âge possède les apparences et les pouvoirs de la technologie
Charlie Hebdo : [lien]
Après plusieurs autorités musulmanes et orthodoxes, c'est au tour du Pape François – autant que d’Ivan l’ancien militaire / le sabre et le goupillon comme on dit – de condamner Charlie Hebdo.
« Le souverain pontife s'est exprimé lors d'une conférence de presse dans l'avion qui le conduisait de Colombo à Manille aux Philippines, où une manifestation a réuni 1500 personnes mercredi pour condamner l'hebdomadaire satirique affichant un dessin de Mahomet en couverture de son numéro historique.
Comme on l'interrogeait sur les caricatures de l'hebdomadaire satirique sur l'Islam, mais aussi le christianisme et les papes, le pape François a déclaré que la liberté d'expression ne donne pas le droit « d'insulter » la foi d'autrui. « On ne peut provoquer, on ne peut insulter la foi des autres, on ne peut la tourner en dérision », a-t-il répondu. La liberté d'expression doit « s'exercer sans offenser » a-t-il souligné, tout en précisant que s'exprimer était un « droit fondamental ». »
Ivan le jardinier l’ex-militaire exactement : dixit ce qu’il en pense, m’a-t-il affirmé !
Mais perso, « le blasphème c'est mon truc– car mon dieu à moi, qui est agnostique et païen, voit mon blasphème avec un peu d’humour, et puis mon blasphème à moi est de bon goût, et il fait apparaître les gens pour ce qu’ils sont le plus souvent : ils ne sont pas « gentils ».»
Finalement, Ivan l’ancien militaire m’a certifié :
« Dans les fermes ils vivent bien, il ne faut pas confondre les exploitants agricoles avec les ouvriers agricoles. Les ouvriers agricoles, eux, sont de vrais minus !!!
Bien sûr qu’il n’y a jamais eu de général qui ait été un Minus ! Cite-m'en un seul ! Même Franco a permis à l’Espagne de rester neutre !!
Heureusement que j’ai été et fait ma carrière dans l’armée / sinon de la manière dont ma femme parle de mon travail, on aurait pu croire que j’ai été et fini comme un minus !! »
Définition du terme « Minus » :
minus habens : expression latine signifiant personne aux facultés intellectuelles déficientes
Personne peu intéressante, mesquine
Gringalet (vieilli) dégénéré, avorton, minable, moustique, petit, demi-portion, foutriquet, nabot, microbe
Minable en particulier sans force physique lâche.
Aux capacités intellectuelles limitées crétin idiot imbécile minus habens Individu minable « moins que rien » poltron
C'est vrai que dans la population en général, les conversations en dehors du travail et des nécessités alimentaires, c'est souvent, pourrait-on dire, « pipi, caca, popo » : par manque de culture, d'intelligence ou même de centres d'intérêts. Et même quand « ça » prétend parler religion ou actualité, etc., cela n'est pas plus agréable à l'oreille. C'est une constatation que je sais, que j'ai acquise et enregistré, et je ne dis pas cela d'une manière péjorative, comme pour Ivan : le terme de minus n'était-il donc pas péjoratif ?
Qu'en penses-tu, toi qui a une tête bien pleine et une tête bien faite ?
Odal GOLD